Salut les jeunes !

Voilà notre premier épisode de Quid, l’émission qui questionne le jeu de rôle en dehors de son territoire. Et aujourd’hui, nous évoquons le Paladin.

Vous pouvez retrouver l’épisode :

 

Si vous êtes allergique aux fichiers audio, voici le texte entier :

« A travers quelques rares et vertueux élus, on peut voir briller la puissance divine. Ces âmes nobles qu’on appelle paladins dévouent leurs épées et leur vie au combat contre le mal. » Le Paladin – Pathfinder.

Le manuel de règles de Pathfinder nous définit le paladin comme un être rare et vertueux, élu des dieux. De nombreuses sources médiévales-fantastiques insistent sur ce rapport particulier qu’entretiennent ces guerriers spéciaux vis-à-vis d’un code d’honneur et d’un dieu. Mais pouvons nous considérer les paladins comme faisant partie principalement d’un ordre religieux militaire, ou sont-ils simplement des chevaliers errants ?

Pour faciliter les parties de jeu, il est à supposer que le rôle du paladin à grandement été désolidarisé de l’ordre religieux duquel il vient, limitant ainsi les rapports du personnage débutant avec une organisation extrêmement puissante. De la même manière, le magicien bien qu’il ait fait ses études quelque part, est parti à l’aventure et n’a donc plus de contact avec son ancienne vie. Bien des maîtres de jeu dirons que ca n’est pas le cas, mais cela dépend la plupart du temps de la manière de mener un univers et sa cohérence.

C’est dans cette optique que nous allons nous concentrer sur ce point délicat qu’est le paladin. Historiquement, le terme provient d’un titre donné à la suite de Charlemagne qui combattait les Maures et leur influence au nom de la religion chrétienne. Par la suite, le terme s’est diffusé pour définir, chez Montaigne par exemple, un individu noble, avec un code d’honneur. Cela ne nous rappelle-t-il pas les chevaliers d’antan ? A quelques mot prêt nous avons affaire avec le paladin classique de nos jeux de rôle, à l’élite des chevaliers voir même, plus exactement à un ersatz de templier.

La chevalerie n’a pas développé un code de l’honneur dès sa création, et nous ne pouvons pas dire non plus qu’elle fut créée ex-nihilo. Nous avons des preuves de l’existence d’Equites, c’est à dire de chevaliers, dans la Rome antique, des combattants à cheval. Rapidement ils sont devenus les envoyés et les défenseurs de leurs châtelains qui assuraient en partie par leur présence l’influence de leur bail, en quelque sorte du pouvoir de leur maître. Mais, ces cavaliers armés, profitaient de leur avantage sur les pauvres gens. Avec l’influence grandissante de la religion chrétienne furent progressivement énoncés deux préceptes qui canalisaient la puissance guerrière des chevaliers : La paix de Dieu, qui place les pauvres sous la protection de l’église, et la Trêve de Dieu qui fait entrer la chevalerie dans le temps chrétien. Le chevalier ne doit pas combattre les jours du seigneur et durant les fêtes religieuses par exemple.

Ainsi, la chevalerie, d’abord laïque, prend un caractère religieux bien que profane. Le chevalier devient un être noble qui respecte l’Église et la voie de Dieu. Rapidement un tel engouement poussera de nombreux chevaliers à chercher rédemption et félicité, lors de la première croisade en Terre-Sainte. Ce chevalier là est-il un paladin ? Dans les termes stricts il s’en rapproche, c’est un homme d’armes qui défend sa foi contre les infidèles et leur fait une guerre juste. Mais il demeure profane, tandis que le paladin, qu’il soit errant ou non, appartient à la classe des Pugnantes autant que des Orantes, c’est-à-dire qu’il est un combattant autant qu’un religieux.

Ce statut problématique dans le monde médiéval christianisé, ne pose pas de plus amples problèmes dans les univers médiévaux-fantastiques, où le monothéisme laisse souvent place à un panthéon issu instinctivement des panthéons grec et romain. Il faut donner du choix aux joueurs sans nuance, dans des clichés qui ont le mérite de découper un monde facilement et clairement. Nous avons des paladins des dieux de la lumière ou de la nature – Obadaï pour les amoureux de Donjons et Dragons. Dans d’autres univers moins génériques, ce sont des divinités nommées qui prennent la place de champs de croyances. Le paladin est ici le bras armé de sa divinité.

Voyons cependant en profondeur l’origine du guerrier-prêtre. Dans un société médiévale divisée en trois classes distinctes difficiles à unifier – les guerriers, les prêtres et les paysans, pour faire simple – l’inclusion d’un classe double de guerriers et de prêtres apparaît en un premier temps comme absurde. Car le religieux n’a que faire du monde terrestre. L’ordre du temple, créé à Jérusalem, dont le premier quartier général est posé sur le Temple de Salomon dont il tire son nom, est donc le premier ordre religieux-militaire – une sorte de micmac étrange. Il en annoncera d’autres comme l’ordre Teutonique par exemple.

La mission d’un tel ordre est de dépasser le rôle profane du guerrier pour faire entrer la question divine dans le plan temporel. Ils défendent les intérêts de leur église, et la protège. Jusqu’à parfois arriver à des extrémités peu conventionnelles, comme l’Ordre Teutonique qui prendra pied en Europe de l’Est en possédant un état et une ville-capitale : Marienburg. Pouvons-nous supposer une telle origine dans nos univers de fiction ? Chaque ordre et divinité disposent d’un temple dans l’univers de Warhammer par exemple (si tenté qu’elle soit légale, cette religion), et des ordres guerriers influencent profondément cet univers en guerre. Pour ne pas les nommer, les prêtres de Sigmar sont plus des paladins que des prêtres reclus dans leur temple. Ici les ordres religieux-militaires sont presque naturellement née des circonstances terribles d’une époque.

J’insisterais donc sur ce point : le paladin appartient à un ordre, et ne peut pas être autoproclamé. Il a un code d’honneur que suivent ses semblables et adore une divinité. Il appartient à un ordre religieux-militaire et sa fondation doit avoir une origine, sans quoi il n’est qu’un illuminé qui prend les armes pour son dieu, une sorte de fou qui court à la guerre. Pour qu’un prêtre devienne un guerrier, il faut rendre le monde dans lequel il évolue hostile à sa religion, ou à ses préceptes. Comme ce fut le cas pour l’Ordre du Temple, qui vise à défendre et protéger les pèlerins qui font le long voyage vers la terre sainte.

Je terminerais en parlant de la magie, propre à ces paladins fantastiques. Elle leur vient de leur dieu, et leur assure un statut particulier, tout autant que les prêtres. Cette magie, est plus offensive et vise à combattre d’autres dieux ou d’autres forces d’influences. Aussi est-il possible d’imaginer, dans un monde où les dieux sont présents et agissant, des ordres fondés sur un appel voir même une apparition de leur dieu. Le paladin n’est pas alors un humain qui défend une foi humaine, mais un guerrier de son dieu, conscient de participer à une guerre cosmique.

A vous de choisir, vous avez trois paladins devant vous, le templier qui défend la croyance humaine, le guerrier des dieux qui participe à leurs affaires, comme les héros grecs le font, et le paladin classique, qui, dans un monde hostile apporte la lumière de sa foi et ses miracles aux yeux du monde.

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